Que reste-t-il de nos amours ?

C’est un beau mariage, malgré la pluie. Mais, comme on dit : « Mariage pluvieux, mariage heureux ». Et puis, Ana (Pauline Bression) a réservé une surprise à son époux (Roby Schinasi) : elle a retrouvé la trace d’un ami d’enfance de Paul, Joseph (Jeremy Kapone), et l’a invité à la fête.
Vingt ans plus tôt… Paul (Max Libert), 15 ou 16 ans, fait la connaissance de Joseph (Alexis Rosenstiehl), même âge. Difficile de faire duo plus mal assorti. Le premier est timide, renfermé, solitaire, le second solaire et expansif. Joseph vit seul avec une mère fantasque et nomade (Constance Dollé). Du côté de Paul, c’est la petite bourgeoisie bon chic, bon genre mais triste. Une mère délaissée et malheureuse (Émilie Caen), un père absent et volage (Julien Tortora), une jeune sœur (Betty Pierucci-Berthoud). Les deux adolescents deviennent pourtant inséparables. Et heureux de l’être. L’amitié, et plus encore.
Un baiser hésitant et maladroit surpris par une camarade de classe et voilà la rumeur qui s’embrase et réveille l’habituel, triste et infamant lexique qui va d’« enculé » à « tarlouze » en passant par « pédé ». Joseph part rejoindre son père à Toronto, la vie de Paul, elle, bascule dans le cauchemar : insultes, humiliations, coups et agressions. La honte et le sentiment d’abandon. Puis, plus tard, Joseph est de retour. Mais un drame va sceller leurs existences à jamais et les séparer irrémédiablement. Jusqu’à ce mariage…
C’est tout ce passé qui ressurgit pour Paul, au moment où il entame une nouvelle vie. L’incandescence d’un premier amour, la violence, la blessure, le secret, une énigme jamais résolue. Et puis Joseph. Que faire de tout cela ?
À Cumes, dans l’Antiquité, raconte le poète Virgile, une vierge en délire, la Sibylle, dévoilait aux humains leurs destinées, dont elle inscrivait les lettres et les mots sur des feuilles d’arbres. Mais le vent qui soufflait dans sa caverne les emportait et la prêtresse ne se souciait pas de les rattraper et de les réunir. Il appartient aux humains de tenter de les remettre en ordre.

Adaptée du roman de Sophie de Baere – lauréat du prix Maison de la presse 2022 et, la même année, du prix du LÀC au Festival du livre de Collonge (Suisse) –, cette fiction a été distinguée au Festival des créations télévisuelles de Luchon par le Prix de la meilleure interprétation masculine, revenant ex-aequo à Max Libert et Alexis Rosenstiehl.
Histoire bouleversante de l’éveil à l’amour de deux adolescents victimes de la violence du harcèlement homophobe, ce film est suivi par la rediffusion, dans la case Infrarouge, du documentaire Homos en France, réalisé par Aurélia Perreau, puis, dans la case 25 nuances de doc, du documentaire inédit Faire corps, réalisé par Gianluca Matarrese.
La plateforme Lumni, de son côté, propose plusieurs programmes pédagogiques sur les droits des LGBTQIA+ et les questionnements des élèves pour prévenir l’homophobie et la transphobie en milieu scolaire.

Rappelons que Robert Badinter, alors ministre de la Justice, a obtenu en 1982 l’abrogation du délit d’homosexualité en France et que, si la France et l’Europe ont fait progresser les droits humains des personnes LGBTQIA+, de nombreux pays dans le monde continuent de criminaliser l’homosexualité.

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